L'Etoile de Babalon
L’Etoile de Babalon
J. Whiteside Parson
Traduction Tof et Iridesce
Comment puis-je décrire le mystère et la terreur, de l’étonnement de la honte et la splendeur de l’étoile septuple qu’est BABALON, la Mère d’abominations, ivres du sang des saints ? Car ici ni l’esprit ni la sagesse, ni même la volonté seuls ne prévalent mais seuls la compréhension et l’amour passif priment.
Qu’attend l’adepte s’il a conquis les quadruples éléments et déchiffré l’énigme du Sphinx ?
Voilà le prix, la dernière goutte de son sang de vie. Il doit descendre comme Moïse, comme Arthur et Tamuz dans le pays des ténèbres, suivre le cygne dans le Royaume des Morts, dans le silence et l’hiver et la nuit. Et là, devant la sombre Mère d’anarchie et d’abominations, il sera dépouillé de tout pouvoir, il sera nu et sans défense comme l’enfant qui vient de naitre et il boira volontairement l’eau d’oubli, et sera plongé dans la fontaine de vie, et goûtera au mystère doux-amer de la compréhension, et formera ce ventre sombre duquel on naîtra à nouveau, mais ce ne sera pas elle.
Elle est l’épouse sorcière qui fut transformée par la chevalerie de Gauvain, Kundry, celle qui est vaincue par la folie pure de Parsifal, Libann l’épouse de Mannan, La Vie épouse de la Mort. Et en dominant et en se soumettant et dans le Tao qui est au-delà d’eux, il l’atteindra, car elle est la voie de la Couronne. Mais le mystère dépasse la parole. L’esprit tournoie et l’intellect est abattu avant même d’envisager l’idée de la Femme, de la sombre Mère dont elle est l’ombre lumineuse. Mais que l’adepte médite sur cela : il y a des amours qu’elle a aimées dans ce corps, et d’autres - amours lumineuses et amours sombres, radieuses et tristes, pures et perverses. Et qu’il se souvienne de ces amours dans toute la joie et la tristesse de l’illusion, dans l’émerveillement du matin et du printemps, la gloire de midi et de l’été, la splendeur du coucher du soleil et de l’automne.
Et qu’il les distille en une alchimie subtile sous la forme irisée du désir du cœur. Puis qu’il considère cela, que tous les hommes conservent dans leur cœur l’image de l’amour, versifié par tous les poètes, peint par tous les artistes et chanté par la grande musique éternelle. Et il a été façonné, comme le disent certains, à l’image du premier amour, la mère. Mais je dis que cette image parfaite dans le cœur de l’homme est façonnée par la forme terrible dans l’espace-temps qui façonne toutes les femmes, la soif insatiable de Pan qu’est BABALON.
Puis que l’adepte médite sur Lilith, la femme démon qui a dévoré ses propres enfants, sur Kali avatar de destruction, sur Vénus la prostituée hostile et de même qu’il donne cette forme à son rêve. Et qu’il regarde la Déesse qui est le Corps des Etoiles et qu’il perçoive que tout cela n’est qu’un. Puis, avec le venin de serpent dans son sang et sa convoitise irrépressible au cœur, qu’il invoque BABALON. Oui, qu’il invoque BABALON.
Et l’adepte participera un peu à ce mystère dans la dévotion continue à toute divinité, car tous les dieux ne font qu’un.
Mais il se peut que l’adepte ait un conjoint sur le plan terrestre, ou parmi les élémentaux. S’il le souhaite, il pourra concevoir ce conjoint comme participant de la nature de sa divinité, car il s’agit d’une pratique subtile et magnifique de l’amour. Mais malheur à celui qui confond les plans, qui adore une image d’argile alors que le sanctuaire reste dévasté et abandonné. Car si son amour est pur, il doit atteindre la Rose Infernale et partager le sacrement du Dieu de l’Amour, comme moi, mes frères ; comme moi.
Il y a encore un autre mystère concernant BABALON que mes études magiques m’ont fait connaître, le voici : BABALON s’est maintenant incarnée sur terre sous la forme d’une femme mortelle. Je ne sais pas où ni en qui Elle est s’incarnée mais je sais qu’Elle va se manifester - une bannière devant les armées et un jugement des nations. Il existe certains documents pertinents sur le sujet qui seront mis à disposition le moment venu. Je n’en dirais pas plus pour le moment.
Au-delà de cela, il est absolument évident que l’esprit de BABALON inspire les femmes du monde. La demande pour une plus grande liberté, le rejet à la fois du mari tyrannique et de l’amant infantile, l’augmentation de la polygamie féminine et du saphisme – tout indique le développement d’un nouveau type de femme, qui aura un homme ou n’en aura pas. C’est la tâche du magicien de se développer et faire de lui un homme suffisant pour la nouvelle femme que son propre désir magique a engendrée. C’est sa tâche de devenir prêtre, afin qu’elle puisse devenir le sacrifice que sa nature demande. Car finalement c’est un mystère important de la lance et du Graal. Il ne peut être enseigné. La Magick est une voie, mais il n’y a pas de mot, il n’y a pas de langage pour décrire l’extrémité de la voie.