Crocodile

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Selon Plutarque

  • Dans l'Antiquité, on prêtait au crocodile des dons de prédiction : Plutarque rapporte que sa femelle pond toujours là où elle sait que s'arrêtera la montée du Nil. "Le crocodile est pour tout le reste à peu près comme la tortue ; seulement, on n'a pu imaginer encore ce qui le guide dans le choix du lieu où il dépose ses œufs,et l'on attribue sa prévoyance à cet égard à une sorte de divination plutôt qu'à son raisonnement ; car il pose justement ses œufs, sans se tromper d'un pas, à la hauteur où le Nil doit déborder et couvrir la terre chaque année ; de sorte que le laboureur qui les rencontre le premier, annonce aux autres quelle sera la hauteur du débordement, tant le crocodile la mesure avec exactitude, afin de pouvoir conserver ses œufs sans qu'ils soient mouillés ! Dès que les petits sont éclos, si la mère en voit un qui, au sortir de la coque, ne saisisse pas la première proie qui se présente, comme une mouche, une fourmi, un ver, une paille ou un brin d'herbe, elle le déchire à belles dents et le tue. Mais elle soigne avec tendresse ceux qui montrent du courage et de l'ardeur ; et, à l'exemple des hommes les plus sages, elle se décide dans son affection d'après son jugement et non d'après la passion."[1]
  • Cet auteur raconte encore que "Les crocodiles connaissent la voix des prêtres, ils souffrent qu'ils les touchent, ils vont même jusqu'à leur présenter leurs dents à nettoyer et à essuyer avec des linges. Il n'y a pas longtemps que Philinus, homme d'un mérite distingué, nous raconta, à son retour d'Égypte, qu'il avait vu à Antéopolis un crocodile mollement couché sur un lit, dormir tranquillement auprès d'une vieille femme. On dit qu'un des Ptolémées ayant un jour appelé le crocodile sacré, et cet animal n'étant pas venu à sa voix ni à celle des prêtres qui lui faisaient les plus vives instances, on regarda ce refus comme un présage de la mort du prince, laquelle en effet arriva peu de temps après."[2]
  • "Mais est-il étonnant que ces petits poissons vivent ainsi en communauté, quand on voit le crocodile, l'animal le plus farouche et le plus cruel qui soit dans les étangs, dans les rivières et dans les mers, montrer dans son commerce avec le roitelet un esprit de société si admirable ? [Le roitelet], de l'espèce de ceux qui vivent le long des lacs et des rivières, fait la garde auprès du crocodile, et, sans avoir besoin de chercher sa propre nourriture, il vit des restes de ce poisson. Lorsqu'il voit l'ichneumon couvert de boue, comme les athlètes le sont de poussière, s'approcher pour surprendre le crocodile endormi, il le réveille en criant et en le frappant de son aile. Le crocodile est si familier avec lui, qu'il le laisse entrer dans sa gueule et souffre volontiers qu'avec son bec il lui ôte les morceaux d'aliments qui sont restés entre ses dents. Quand il en a assez et qu'il veut fermer sa gueule, il baisse doucement sa mâchoire pour avertir l'oiseau de se retirer, et il ne la rabat entièrement que lorsqu'il est sûr que le roitelet est envolé."[3]


Sources

<references>

  1. Plutarque, Oeuvres morales - Dialogue entre Autobule et Soclarus : Les animaux de terre ont-ils plus d'adresse que ceux de mer ?
  2. Plutarque, Oeuvres morales - Dialogue entre Autobule et Soclarus : Les animaux de terre ont-ils plus d'adresse que ceux de mer ?
  3. Plutarque, Oeuvres morales - Dialogue entre Autobule et Soclarus : Les animaux de terre ont-ils plus d'adresse que ceux de mer ?