La Wica avant Gerald Gardner

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La Wica avant Gerald Gardner

Tof

Non la wica n'a pas été inventée par Gerald Gardner. Non Aleister Crowley n'est pas le véritable père de la Wica. Non la Wica n'est pas l'invention d'une personne seule. La genèse de la Wica est bien plus tortueuse... Ces textes sont en partie basés sur des informations qui m'ont été communiquées directement par Philip Heselton, l'auteur de "Wiccan Roots" et de "Gerard Gardner and the Cauldron of inspiration" dont je me suis également servi.


Margaret Murray

En 1915 alors que la guerre fait rage une égyptologue du nom de Margaret Murray est bien ennuyée. Son terrain de recherche (l’Egypte et la Palestine) est physiquement sous la coupe des Allemands, elle ne peut donc plus se livrer à ses recherches in situ. Elle a donc choisi d’étudier le folklore et la mythologie européens. Et plus particulièrement la sorcellerie.

Le postulat de l’anthropologue était que la sorcellerie n’était autre qu’une ancienne religion du paléolithique qui avait survécu jusqu’à nos jours. Dans "The Witch Cult in Western Europe" elle parle d’un culte de la fertilité, de Jeanne d’Arc, de Gilles de Ray…

Alors qu’elle travaille en tant qu’assistante d’égyptologie (elle s’était fait un nom lors des fouilles en Egypte sous la direction de Sir William Matthew Flinders Petrie) dans une université londonienne, son intérêt pour la sorcellerie ne faiblit pas. En 1931 elle publie son second livre sur le sujet : The God of the Witches (le Dieu des Sorcières) où elle parle essentiellement du Dieu Cornu qu’elle présente comme le dieu de la fertilité de la préhistoire tout en continuant en parallèle à publier des ouvrages sur l’Égypte antique.

En 1935 Margaret Murray (alors âgée de 72 ans) quitte l’enseignement mais continue à donner des conférences sur la sorcellerie.

En 1953 elle devient présidente de la Folk Lore Society, une association qui cherchait à compiler le savoir ancestral et les légendes britanniques.

En 1954 parait son troisième et dernier livre sorcier « The Divine King in England » (le Roi Divin en Angleterre) où elle affirme que depuis Guillaume le Conquérant de nombreux rois anglais sont morts suite à un assassinat rituel (c’est aussi ce qu’affirmera Robert Cochrane quelques années plus tard) destiné à assurer la fertilité du pays.

La même année paraît également « Witchcraft Today » le premier livre de Gerald Gardner qui ne soit pas un roman et Margaret Murray a accepté que son nom y soit associé puisqu’elle en a écrit la préface.

Elle décéda en 1963 peu après avoir publié son autobiographie, « My First Hundred Years » (Mes premières 100 années) où elle confie sa croyance dans la réincarnation, à la survivance de l’âme après le pourrissement du corps. Après la publication de son premier livre sur le sujet « The Witch Cult in Western Europe » (Le Culte Sorcier en Europe Occidentale), Un grand nombre de sociétés occultes et magiques est allé dans les campagnes à la rencontre des derniers sorciers, rebouteux et autres sourciers afin d’essayer de récupérer une partie de leur savoir. Il faut dire que selon M. Murray le culte sorcier était la religion dominante au Moyen Age, et que ce n’est qu’à partir du XVème siècle que l’église s’est sentie assez puissante pour combattre effectivement la sorcellerie. L’inquisition a assimilé la sorcellerie à un culte du diable alors que dans les faits les Sorcières rendaient un culte à Diane et à un Dieu Cornu. Selon Murray toujours, ce culte n’a pas disparu et a été préservé dans le secret de certaines familles. Suite à ces rencontres certains de ces groupes ont décidé de mettre en pratique ce qu’ils avaient appris auprès des sorcières et de s’en servir pour essayer de reconstruire une forme de sorcellerie conforme à ce que décrivait Margaret Murray dans « The Witch Cult in Western Europe ».

Les Dionysiaques

Au début du XXème siècle un peu sous l’influence de Nietzsche renaisse les Dionysiaques.

Pour Nietzche, « la vie n'a pas à juger la vie » et « l'extase dionysiaque est un principe fondateur qui dépasse les histoires de poison dont les derniers hommes se servent pour faire des rêves agréables et avoir une mort agréable ». Les Dionysiaques refusent tout frein moral et se laissent aller dans des débordements sexuels et alcooliques. Pour eux seule la suppression des barrières mènera à l’harmonie universelle, au dépassement de la personne, de la banalité quotidienne, de la société, de la réalité et ainsi les hommes comprendront qu’ils sont des dieux.

Parmi les Dionysiaques de ce début du XXème siècle on peut citer, Jean Cocteau, Toulouse-Lautrec, Baudelaire, Verlaine ou Modigliani pour les Français ainsi que les Anglais Aleister Crowley, Victor Neuburg ou Dion Byngham. Ce sont les deux derniers qui nous intéressent ici puisqu’ils furent tous les deux en contact avec des membres du New Forest Coven et leur ont communiqué certaines de leurs idées.


Neuburg est le plus connu des deux. Il fut très proche de Crowley. Crowley et Neuburg ont pratiqué des rituels à caractère sexuel (connus sous l’appellation de Paris Working) et l’on retrouve l’influence de ces travaux dans le XI ème degré de l’O.T.O.

C’est parce qu’ils en ont fait ouvertement état de ces rituels qu’ils ont tous les deux été exclus de la Golden Dawn, mais de cela ils n’avaient que faire puisque Crowley était à la tête de l'Astrum Argentinum (que Crowley avait fondé en 1907) et est sur le point de se voir confier par Theodor Reuss la direction de l'Ordo Templi Orienti pour l’Angleterre.

Après une rupture totale avec Crowley, Neuburg séjourne régulièrement dans une communauté naturiste dans le Sussex « Le Sanctuaire » où il retrouve son ami Dion Byngham ainsi que des membres du New Forest Coven. Gerald Gardner a raconté que les membres du New Forest Coven ont fait un grand rituel en plein air pour éviter que les Allemands ne débarquent en Angleterre. Neuburg fut parmi ceux qui ont participé à ce rituel et s’il n’était pas avec eux physiquement il a tout de même participé activement au rituel et fut une des personnes qui le paya de sa vie.


Dion Byngham quant à lui est surtout connu pour son engagement dans les milieux anarchistes, païens et naturistes ainsi que pour sa participation des plus actives dans des groupes où l’on prônait l’amour libre. Il fut aussi proche de John Hargrave et membre de la Woodcraft Chivalry.

Harry « Dion » Byngham se fait appeler « Dion » en référence à Dionysos. On retrouve sa signature dans le journal « The Healthy Life » en juillet 1921 pour un article sur le naturisme et l’année suivante pour un article sur le Mysticisme grec et le Culte du phalus.

Plus tard il signera ses articles du nom d’ « Elan Vitalgart » en référence à la théorie de Bergson sur l’élan vital (plus ou moins ce que nous appelons la puissance ou le pouvoir).

Dion Byngham souhaiter créer une nouvelle société (en oppositions aux forces répressives chrétiennes)

En 1923 il organise le « Festival Dionysiaque de Printemps » et met en place le premier groupe naturiste anglais».

Dans les années qui suivent, il danse régulièrement nu dans les champs avec son amie devant la presse en l’honneur du Dieu Soleil ou de Pan.

En 1926 avec des amis naturistes il organise et participe aux premiers rituels « vêtus de ciel » de la Woodcraft Chivalry.

Malheureusement toute cette publicité dans la presse ne plait pas à tout le monde et Byngham est prié d’abandonner ses responsabilités au sein de la Woodcraft Chivalry.

Dans les années 30 on lui aussi régulièrement au « Sanctuaire ».


John Hargrave

Au tout début du XXè siècle l’Américain Ernest Seton a mis en place une nouvelle forme de scoutisme, un scoutisme qui se voulait proche des traditions amérindiennes.

En 1920 John Hargrave, alors âgé de 26 ans a repris à son compte les préceptes de Seton mais en les adaptant à la manière de penser des anglais, c’est à dire en remplaçant le grand esprit des indiens par Pan et d’autres dieux des panthéons Gréco-Celtique, c’est ainsi qu’il a créé « the Kibbo Kift.»

Hargrave reprochait surtout au scoutisme de défendre des valeurs qu’il jugeait ultra patriotiques, militaristes et impérialistes, de leur côté les scouts anglais considéraient Hargrave comme un dangereux bolchevique et lui reprochaient son engagement anti-guerre lors du premier conflit mondial et ses vues mondialistes.

John Hargrave avait créé différents ordres au sein des Kibbo Kift dont la « Woodcraft Chivalry ». Certaines pratiques n’étaient réservées qu’aux adultes et encore uniquement à ceux qui avaient été pleinement acceptés et initiés, ce qui signifiait entre autre qu’ils s’étaient choisi un « nomen » qu’ils n’utiliseraient qu’au sein de la Woodcraft Chivalry. Ceux-ci se réunissaient le soir ils traçaient un cercle, invoquaient Pan et Artémise, invoquaient les esprits des 4 directions, dansaient en rond dans le cercle au son du tambour, partageaient une petite fête puis ouvraient le cercle en proposant aux esprits de quitter le cercle.

Pour être tout à fait honnête il faut préciser que ces nomen n’étaient en aucun cas des noms sorciers mais plutôt des réminiscences du scoutisme de Seton puisque comme les Indiens les membres de la Woodcraft Chivalry se choisissaient des noms liés aux animaux, Hargrave était donc White Fox (Renard Blanc).

Le scoutisme de Hargrave ne s’est jamais réellement popularisé, et n’a jamais dépassé les 300 membres. Pourtant Hargrave était une personne d’un immense charisme, mais ses idées devaient être trop en avance sur leur époque. Il prêchait le contact avec la terre et le retour aux valeurs traditionnelles (ce qui peut sembler curieux pour un socialiste de l’époque). Il s’intéressait aussi beaucoup au folklore (au sens noble du mot) et aux coutumes de son pays. Pour lui il fallait se tourner vers le passé si l’on voulait avancer, que les valeurs chrétiennes n’étaient pas adaptées aux anglo-saxons et que les Anglais ne pourraient aller de l’avant que s’ils se penchaient sérieusement sur leurs racines anglo-saxonnes.

Par contre comme beaucoup de leaders au grand charisme il avait le défaut de ses qualités et se montrait souvent dictatorial et avait du mal à accepter les vues des autres. Il partait aussi dans des délires en s’inspirant des théories de Nietzsche et se mettait à prôner l’eugénisme. Pour Hargrave son groupe qu’il nommait les « Soldats de Pan » était l’élite de l’élite et le noyau d’une nouvelle race.


On sait qu’en 1938 il existait plusieurs groupes liés à la Woodcraft Chivalry dans la région de New Forest mais à ce jour personne n’a réussi à établir de lien formel entre ces groupes et les sorcières de New Forest. Toutefois, on ne peut nier que certaines idées (pas toutes heureusement) de John Hargrave étaient très proches de ce que nous a transmis Gerald Gardner.


Mother Sabine

Si l’on part du postulat que ce n’est pas Aleister Crowler qui a rédigé le BoS et si l’on admet également que Gardner ne s’est pas servi, pour rédiger ce BoS, des documents de l’O.T.O. qu’il a reçus de Crowley peu avant le décès de ce dernier, une question se pose indubitablement : D’où proviennent ces éléments ayant une si forte odeur de Golden Dawn et qui figurent dans le BoS ?

Parmi ceux qui composaient le groupe de sorcières de New Forest, une personne, avant de résider dans la région de New Forest, a été membre d’un ou plusieurs groupes liés à la GD et cette personne n’est autre que Mother Sabine.

Mother Sabine était la plus âgée du groupe de sorcières de New Forest, à titre de comparaison elle est née en 1864 alors que Dorothy est née 1880, Gardner en 1884 et Dafo en 1887. Elle n’est pas de la même génération d’où son titre de « Mother ». Elle reçut une éducation bourgeoise et fut élevée dans un milieu aisé.

En 1905, alors qu’elle est déjà membre de la « Fellowship of the Rosy Cross » elle adhère à « l’Order of the Morgen Rothe » où elle prend le « nomen » de Vacuna. C’est une petite curiosité que ce nom car dans les ordres magiques liés à la Goden Dawn (la « Fellowship of the Rosy Cross » et « l’Order of the Morgen Rothe » sont deux rejetons de la Golden Dawn) la coutume veut que l’on prenne un « nomen » qui soit une locution latine, ainsi on trouve par exemple Deo Duce et Comite Ferro (Mathers) ; Sapiens Dominabitur Astris (Anna Sprengel) ou Vestiga Nulla Retrorsum (Moira Mathers). Vacuna quant à elle était une Déesse, une très vieille divinité sabine, la déesse de la victoire selon Ovide ou celle de la paresse selon d’autres sources. Peut-être peut-on voir dans ce choix une affirmation de sa vénération de la Déesse ou un clin d’œil à son futur époux George Sabine. Parce que pour le moment Mother Sabine n’est encore que Rosamund Cannsew, ce n’est qu’en 1911 qu’elle deviendra Mme Sabine. Il est à noter que Rosamund n’est pas le prénom sous lequel elle a été déclarée à l’état civil, elle s’est choisi ce prénom qui signifie rose du monde et s’en est servi jusqu’à la fin de sa vie.

Donc le 22 5 1911 elle prend George A. Sabine pour époux un ancien militaire de 7 ans son cadet qui vient de quitter l’armée pour raisons de santé à 39 ans. Ils vivent ensemble dans le Sussex et en 1923 ils quittent cette région pour Walkford non loin de Highcliffe dans la région de New Forest. En 1939 le couple déménage dans la ville de Highcliffe où il s’installe dans la même rue que Dafo. Leur maison porte le nom de Whinchat, un nom curieux qui est celui d’un oiseau migrateur, le traquet tarier, une espèce peu commune dans la région, mais si dans son nom on n’utilise qu’une lettre sur deux cela donne Wica mais peut-être n’est ce qu’un hasard ? En 1939 la guerre éclate. On sait que Gerald Gardner a été initié par Dafo dans les jours qui ont suivi le début du conflit, on sait aussi que la cérémonie s’est déroulée chez Dorothy même si celle-ci n’était pas présente et qu’elle a certainement était présidée par Mother Sabine comme toutes les réunions du coven dont elle était la GPs.

Pendant la guerre M.Sabine était membre du «Highcliffe Local Defence Volonteers » (tout comme Gerald Gardner et Dorothy qui mettait des locaux à leur disposition). Mother Sabine est décédée en 1948 et Gerald ne perd pas de temps puisqu’il en profite pour arracher à Dorothy et à Dafo l’autorisation de publier High Magic Aid.

Parmi les biens que Mother Sabine a laissés au coven (et que Gerald Gardner a récupérés quelques années plus tard) il y avait l’épée de Nuada. C’est la fameuse épée dont Gardner parle dans « The Meaning of Witchcraft » et qui était exposée dans le musée de l’île de Man. Gerald Gardner a prêté l’épée en question à plusieurs reprises aux membres de l’Ancient Druid Order pour leur cérémonie du solstice d’été à Stonehenge, car c’était la seule épée qui pouvait convenir pour cette cérémonie ( ?). Cette épée qui est toujours entre les mains du coven qui fut du temps du vivant de GBG le Bricket Wood coven est visuellement très proche de l’épée utilisée en magie selon le texte de « The Key of Salomon The King » dans la version de Samuel Mathers (il y a plein de pentagrammes et d’autres signes cabalistiques dessus) si ce n’est qu’il y a sur son pommeau le symbole du troisième degré Wica. Cela peut sembler curieux que des druides aient absolument besoin d’une épée comme celle utilisée par la Golden Dawn pour leur cérémonie du solstice. Ca l’est moins si l’on se souvient que l’Ancient Druid Order a été fondé en 1907 par Charles Rosher qui fut un proche de Crowley et que selon Ross Nichols l’Ancient Druid Order est tout ce qui reste de la Golden Dawn.

Cette affirmation peut sembler choquante, surtout dans la bouche de Ross Nichols, mais si l’on réfléchit à ce qu’était la Golden Dawn cela peut sembler logique. La Golden Dawn n’était autre que le pendant de la Théosophie. Cette dernière s’intéressait au mysticisme et aux traditions occultes orientales alors que la Golden Dawn a tenté, et pas si mal réussi, de recueillir le mysticisme et les traditions occultes occidentales et d’en faire la synthèse, pas de quoi effaroucher un druide.


Dafo

Philip Heselton est en train d'écrire une biographie de Gerald Gardner. Il s'efforce depuis quelques années de réunir une importante documentation sur le New Forest Coven afin de démontrer définitivement que Gerald Gardner n'a pas inventé la Wica comme le prétendent certains, qu'il a bien été initié dans un coven sorcier et que s'il y a des ressemblances entre les textes de Gardner et ceux de Crowley, ce n'est pas parce que le premier s'est inspiré du second mais plutôt parce que Crowley a lui aussi eu accès à des textes sorciers. Pour ses recherches, il a rencontré au cours de l'été 2005 le petit-fils de Dafo la première GPs de Gerald Gardner. Je vous livre ici son petit compte rendu.

"Je suis allé voir le petit fils de Dafo, le dimanche 6 mars. Cette rencontre s'est très bien passée. C'est un homme très courtois et sympathique. Il connaissait le côté sorcier de sa grand-mère et se souvient qu'à plusieurs reprises Ray Bone a conduit Gardner depuis Londres pour lui permettre de voir Dafo, pendant les années 50, alors que lui-même n'était qu'un enfant (Il est né en 1943). Il n'était évidemment pas présent lors des discussions entre Gerald et Dafo, mais a dit que Gardner était très gentil avec lui et très habile dans la sculpture d'objets dans des chutes de bois, il se souvient ainsi que Gardner lui a sculpté un bateau en bois, bateau qu'il a conservé de nombreuses années. Il m'a dit que Dafo a toujours été appelée « Daff » dans la famille, ainsi il pense que ce n'était pas un nom que lui avait donné Gardner ni un nom sorcier. Il m'a donné de nombreuses d'informations sur sa famille que ne sont que de peu d'intérêt ici, mais il m'a aussi montré une liste de cadeaux de mariage donnés à la fille de Dafo, Rosanne, à l'occasion de son mariage en 1940. Il y avait une référence à une personne que j'ai rencontré dans un autre contexte et qui était un autre ami de Gerald. Il m'a aussi montré des photographies de Dafo et de Gerald, y compris une photo prise à la même occasion que le portrait de Gardner que l'on peut voir dans la première édition de « Witchcraft Today » ainsi qu'une photo de Gardner en grande tenue écossaise. J'ai fait de bonnes copies de ces photos avec mon appareil photo numérique. Je ne les montre pas encore, je les garde pour les mettre dans ma prochaine biographie de Gardner".

Katherine Oldmeadow

(1878 - 1963)

Lorsque j’étais enfant, comme tous les enfants j’aimais bien les belles histoires. J’ai retrouvé dans mes livres d’alors, une oeuvre de Katherine Oldmeadow.

Cet auteur a surtout écrit pour les enfants (pas moins de 25 livres dont quelques uns ont été traduits en français).

Dans ses livres il est très souvent question de sorcières voir même de rituels païens.

Katherine Oldmeadow était très attirée par la nature et était intimement convaincue de l’existence des fées dont elle parle très souvent dans ses livres.

Dans « The Folklore of Herbs» (son seul livre à ne pas être une fiction) par exemple, elle parle de célébration la veille du 21 juin, elle y parle de tracer un cercle magique, de rencontrer des fées à l’aide de sureau et de se rendre invisible à l’aide de graines de fougères. Ce livre date de l’après guerre, mais il semble évident que son intérêt pour les plantes soit bien plus ancien.

Le Dieu Pan est un personnage récurant des livres de Katherine Oldmeadow, mais on y retrouve également la Déesse et Mercure que l’on célèbre avec des gâteaux, du miel et de l’encens (pas de vin, car les protagonistes sont toujours des petites filles).

La veille du 1er mai les fillettes se réunissent dans les bois et dansent en cercle autour d’un vieux chêne.

Ailleurs on y retrouve 13 demoiselles placées en demi-cercle tenant des branches de coudrier entrelacées.

Pour ce qui est des sorcières (que l’on retrouve tout au long des livres de Katherine Oldmeadow) elles sont souvent méchantes ou tout du moins elles font peur, mais dans les livres les plus récents (ils datent tout de plus de 80 ans), les sorcières commencent à se transformer en gentilles sorcières, comme si quelqu’un avait fait changer l’opinion de Katherine Oldmeadow à ce sujet. Elle fera la différence entre les sorcières blanches (qui sont gentilles) et les sorcières noires (qui sont méchantes). Les sorcières blanches sont pour Katherine Oldmeadow des sorcières qui soignent et pour ce faire elles ont toujours un jardin où elles récoltent des simples. Elle se comporte comme si elle connaissait personnellement une sorcière ou peut être même en était elle devenue une elle-même. Ses références à la sorcellerie sont de plus en plus précises. Elle fait des références à des danses pieds nus en cercle, elle précise que les sorcières se servent d’un couteau et de bougies et qu’elles subissent une cérémonie d’initiation. Mais à quoi tout cela peut il bien nous mener ?

Il se trouve que Katherine Oldmeadow vivait à Highcliffe dans la région de New Forest et que l’une de ses voisines se nommait Dorothy Clutterbuck elle aussi très marquée par des croyances païennes. Tout porte à croire que les deux femmes se sont rencontrées vers le milieu des années 20 et qu’elles se sont influencées l’une l’autre et qu’elles aient appelé sorcellerie la fusion de leur savoir.

Bien plus tard, lorsque Gerald Gardner a présenté dans son musée des objets en provenance du « Southern Coven of British Witches », une grande partie d’entre eux était des bocaux de plantes ainsi que des préparations à bases de plantes à usage médicinal et magique. Il se dit qu’il s’agissait de la collection de Katherine Oldmeadow.


Pour Conclure

Au début du vingtième siècle un groupe de sorcières de la région de New Forest est contacté par un groupe pratiquant une forme de Haute Magie inspirée des Clavicules de Salomon. Après quelques rencontres ils décident de travailler ensemble et de mélanger leurs magies.

Ils ont pour coutume de recopier à la main (les photocopies n’existaient pas à cette époque) de larges extraits des Clavicules de Salomon dans un cahier dont ils se serviront pour leur pratique. Peu à peu d’autres éléments tirés du travail d’Aleister Crowley, d’Israel Regardie ou des rituels qui leur sont propres sont ajoutés aux extraits des clavicules.

En 1921 paraît « The Witch Cult in Western Europe », ce livre impressionne fortement les membres du cercle sorcier en ce sens qu’ils y retrouvent tout ce à quoi ils croient.

Avec le temps d’autres groupes, païens, naturistes, ou naturalistes » influenceront également ce cercle sorcier que ce soit sur la forme ou sur le fond de leur pratique.

En 1938, Gerald Gardner rencontre les membres d’un cercle sorcier issus de ce groupe et y est initié en sorcellerie dans les jours qui suivent l’entrée en guerre de l’Angleterre.

Il semble qu’au moins un autre coven soit issu de ce premier cercle sorcier : le « Horsa Coven ».

Gerald Gardner copie ce qui se trouve dans le livre du cercle sorcier et intitule ce texte « Ye Bok of ye Art Magical ».

Arnold Crowther a la chance de mettre la main sur une copie de « Magick in Theory and Practice » et laisse Gerald Gardner en copier des extraits ainsi que des extraits de la messe gnostique qui y figure en appendice.

Gerald Gardner met aussi la main sur d’autres extrais de textes d’Aleister Crowley, d’Aradia de Charles Leland ainsi que « The Black Arts » de J.F.C. Fuller (entre autre) qu’il copie dans son « Livre de l’Art Magique »

Le 1er mai 1947 grâce à Arnold Crowther, Gerald Gardner rencontre Aleister Crowley. Malheureusement celui ci n’est plus que l’ombre de lui-même.

Crowley et Gardner décident de se revoir et de parler sorcellerie. Au cours de leurs quelques rencontrent (3 ou 4) ils arrivent à la conclusion que la wica et l’O.T.O. sont deux formes de magie proches l’une de l’autre. Crowley décerne à Gerald Gardner le 4è degré de l’O.T.O. et l’autorise à créer des loges de l’O.T.O. en Angleterre.

La même année Gerald Gardner se rend en Amérique et y rencontre différents membres de l’O.T.O., mais il réalise rapidement que l’O.T.O. est moribond. Gerald Gardner comprend qu’il n’arrivera pas à grand chose s’il persiste dans cette voie et décide de se consacrer totalement à la wica.

Peu à peu Gerald Gardner cesse d’utiliser son « Livre de l’Art Magique » pour le remplacer par un autre recueil manuscrit de rituels qu’il nomme « The Book of Shadow » qu’il a rédigé avec l’aide de Dafo et qu’il remaniera encore au moins deux fois par la suite.