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N°1 : Beltaine 2008

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La roue tourne. Beltaine est à nouveau là, marquant la fin d’un cycle et le début de quelque chose de nouveau. Si, comme le dit Starhawk, les mouvements sont comme des plantes, alors nous, les Païens d’aujourd’hui, nous sommes à une époque charnière, à un moment crucial de notre croissance. Le paganisme moderne a commencé par être une plante dont la partie aérienne était toute petite et bien modeste ; et par lancer dans un sol fécond des racines qui se sont fortifiées avec le temps. De plus en plus audacieuses, elles ont gagné du terrain, et puisé dans les strates du passé la nourriture nécessaire à la création de leur propre substance, nécessaire pour que la base soit solide et ferme, capable d’assurer quoiqu’il arrive un renouveau. Aujourd’hui, les racines recouvrent l’étendue d’un jardin foisonnant de vie, à l’écoute des rythmes des battements de coeur de la terre. Et c’est le moment clé où, les racines formant une résille dense sous la terre, la plante peut s’élever au grand jour, fleurir, et porter fruit. Nos feuilles sont de plus en plus grandes et vertes, éclatantes de santé ; nos fleurs sont de formes variées, arborent des couleurs éclatantes qui ne transigent pas, et leur parfum attire immanquablement les curieux et les amoureux de la nature sauvage – celle de la terre, celle qui ne demande qu’à être réveillée dans les esprits des hommes. Alors on nous approche, on nous tourne autour, on nous observe avec étonnement. On dépêche des journalistes au Coeur de nos rituels ; le magazine Témoignage Chrétien amorce un dialogue religieux. Maintenant, nous sommes visibles et, peut-être, voyants. A la façon d’une touche de couleur vive qu’on aperçoit au travers des frondaisons, et qu’on a envie d’aller regarder de plus près. De nombreuses personnes, guidées par leur étoile personnelle ou intriguées par ce qui commence à se dire sur nous, aboutissent sur des sites ou des forums traitant du Paganisme d’aujourd’hui, les parcourent, et beaucoup sentent qu’ils ont trouvé, sinon leur voie, du moins quelque chose de respectable. Il est délicat, ce moment où nous sortons de terre pour nous nourrir de grand air, de soleil et de rosée matinale. Car nous sommes aussi, à présent, exposés au monde et à ses intempéries. Notre croissance peut rencontrer des obstacles, nos fleurs peuvent être mises à mal ou détruites. Mais nos racines sont toujours là, et il serait bien malaisé de tenter de déloger la plante et de l’éradiquer du jardin. Elles se touchent, forment un réseau serré ; nos radicelles s’échangent des informations, de la nourriture, offrent du soutien aux jeunes pousses ou à celles qui manquent de soleil. Qu’allons-nous donc créer ensemble ? Quelle corde d’arbres noués, en colimaçon, reliant quelle terre à quel ciel, allons-nous bâtir au fil du temps ? Enracinés dans le passé et tournés vers l’avenir, il nous faut croître comme croissent les bosquets, les halliers, les forêts. Comme des espèces différentes semant au vent leurs pollens et leurs fruits, différents, innovateurs, tirant parti de ce que nous offre la nature et faisant preuve d’invention pour passer outre les vents trop forts, les sousbois trop sombres, les parasites et les promeneurs curieux, mais pas toujours très soigneux. Espérons, gardons foi en l’avenir, restons centrés et enracinés... Et que tourne et tourne encore la roue de l’année ! Daràn